La robustesse de l’économie américaine fait peser des « risques à la hausse » sur les perspectives d’inflation

À l’approche de 2023, le scénario économique prend une nouvelle tournure : la baisse de l’inflation coïncide avec une croissance économique robuste, ce qui éloigne les États-Unis d’une récession potentielle. Ce scénario économique inattendu se déroule dans un contexte de taux d’intérêt les plus élevés depuis plus de vingt ans.

 

Toutefois, à l’approche de 2024, la vigueur exceptionnelle des dépenses de consommation pourrait entraver l’évolution positive de l’inflation. Cela pourrait également avoir une incidence sur la manière dont le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, définira la stratégie de la banque centrale pour lutter contre l’inflation lors de son prochain discours à Jackson Hole, dans le Wyoming.

 

Shruti Mishra, de Bank of America, souligne : « Nous pensons que le ton de Powell à Jackson Hole sera moins équilibré que les minutes du FOMC de juillet, car les dernières données soulèvent le risque d’une nouvelle hausse de l’inflation. »

 

Le discours de M. Powell fait suite à une série de données économiques solides qui soulignent la résistance des dépenses de consommation en juillet. La trajectoire de croissance économique du troisième trimestre devrait maintenant être la plus forte depuis le dernier trimestre de 2021.

 

Veronica Clark, économiste chez Citi, explique que l’augmentation de la demande de biens, associée à la hausse des prix des matières premières et à la diminution des pressions désinflationnistes exercées par les chaînes d’approvisionnement, pourrait entraîner une hausse des prix des biens. Cette situation a fait naître des « risques de hausse » pour les prix des biens et la possibilité d’une nouvelle accélération de l’inflation.

 

Bien que les données récentes indiquent une baisse de l’inflation globale au cours des derniers mois, un scénario plus nuancé se dessine en filigrane.

 

En juillet, l’indice des prix à la consommation (IPC) a reflété une augmentation de 0,2% de l’inflation globale d’un mois sur l’autre, une tendance reflétée par l’indice « core PCE », qui exclut les catégories volatiles de l’alimentation et de l’énergie. Malgré cela, Thomas Simons, économiste chez Jefferies US, souligne que ces chiffres ne donnent pas une image complète de la situation.

 

Selon lui, les services de santé et les tarifs aériens, extrêmement volatils dans l’économie post-pandémique, contribuent à rendre le tableau de l’inflation plus complexe. Si l’on exclut ces facteurs, son autre mesure, la « super inflation de base des services », a enregistré une hausse de 0,7% en juin, ce qui représente la plus forte croissance mensuelle depuis février.

 

Tout en reconnaissant la tendance à la baisse de l’inflation, M. Simons souligne la nécessité de rester vigilant, d’autant plus que l’inflation « super duper core » suggère une pression potentielle à la hausse. Cela encourage la Réserve fédérale à maintenir des taux d’intérêt élevés et à donner des orientations politiques optimistes.

 

L’économiste en chef d’EY-Parthenon, Gregory Daco, fait écho à ce sentiment, en déclarant que si les facteurs sous-jacents tels que la mesure de Simons se vérifient effectivement et que l’inflation mensuelle rebondit, 2023 pourrait se terminer avec une inflation dépassant ses niveaux actuels.

 

Entre-temps, bien que le marché de l’emploi de l’ère pandémique ait perdu son élan, une croissance significative des salaires persiste. Les salaires ont augmenté de 4,4% au cours de l’année écoulée, dépassant le taux d’inflation global de 3%. Cette croissance positive des salaires « réels », corrigée de l’inflation, marque un tournant positif depuis mars 2021.

 

Une récente enquête de la Fed de New York souligne la tendance salariale, indiquant que les travailleurs sont désormais prêts à quitter leur emploi pour un salaire moyen de 78 645 dollars, un record absolu et une augmentation de 8% par rapport à l’année dernière.

 

Malgré ces tendances positives, la persistance d’une forte croissance des salaires suggère que les pressions inflationnistes pourraient ne pas s’atténuer tant que le marché du travail ne sera pas plus détendu. Comme l’a souligné M. Powell, il est essentiel de trouver un équilibre entre la croissance des salaires et l’inflation, ce qui souligne l’importance des conditions du marché du travail pour influencer la dynamique de l’inflation. M. Powell a noté que « les salaires sont probablement une question importante à l’avenir ». Bien que M. Powell perçoive des signes d’amélioration sur le marché du travail, il souligne la nécessité d’un « nouvel assouplissement » des conditions du marché du travail pour lutter efficacement contre l’inflation.

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